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N'avez-vous jamais traversé un espace public ou une station de transports publics à l'heure de pointe alors que vous aviez au plus deux minutes
pour prendre votre prochaine correspondance ?
Si cela vous arrive fréquemment, jetez-donc un coup d'oeil à notre étude !
Notre travail de simulation de situations à l'aide de la modélisation basée-agents a en effet pour sujet l'étude des flux de déplacements de personnes
dans un espace fermé.
Qu'il s'agisse d'une gare, d'une boite de nuit ou encore d'un couloir d'université, nous sommes menés à nous déplacer souvent dans un espace limité traversé
par d'autres individus tels que nous.
La traversée est-elle toujours satisfaisante ? Sommes nous totalement libre de nos mouvements ou sublissons-nous par instant la foule qui nous entoure et nous entraîne ?
Risquons-nous de rentrer en collision avec un autre kidam qui se précipite dans le sens inverse ? Quelle est notre liberté de déplacement dans de telles situations ?
Notre volonté de mouvement est-elle limitée par le flux humain ?
C'est à ces questions à l'échelle de l'individu participant à "l'expérience" que nous voulons répondre.
De plus, quels enseignements pouvons-nous tirer à une échelle d'ensemble ? Y décèle-t-on une configuration spaciale s'installant dans le temps afin d'optimiser le déplacement des individus ? Le chaos généralisé est-il inéluctable et mène-t-il à la congestion totale de l'espace ? La capacité d'action des individus peut-elle influencer le mouvement instauré ? En situation d'urgence, les flux sont-ils capables de réagir de manière appropriée ? Une instance suprême doit-elle impérativement agir sur leur comportement ?
Nous allons tenter de clarifier la situation par l'indermédiaire de simulations informatiques dites "basées-agents".
C'est cela que nous allons exposer principalement dans les lignes suivantes.
Nous allons présenter le modèle élaboré, ses divers paramètres, son mode de fonctionnement, les résultats que nous en tirons et ce que nous en déduisons
vis-à-vis des interrogrations initiales.
Effectivement, le dernier point abordera le rapport avec le mode physique: y a-t-il une corélation avec la pratique observée ?
Quelles mesures adopter en connaissance de cause ?
Nos objectifs avec ce projet sont:
Nos hypothèses en rapport à ce projet sont:
Avant de procéder à la description de l'évolution générale du modèles, quelques éléments de clarification du language du modèle basée-agents via NetLogo.
Un modèle est charactérisé par plusieurs éléments d'interaction avec l'utilisateur: une partie graphique que nous allons développer de suite, une série d'options
et paramètres que nous pouvons faire varier (input),
une série de graphes ou de sorties de données qui permettent d'extraire de l'information (output). Un modèle fonctionne sur l'injection des paramètres intiaux,
de l'opération des diverses fonctions, de la mémoire des paramètres transformées et affichage des résultats s'ils sont d'ordre graphique.
L'exécution des fonctions se fait par itérations successives, tel le temps qui avance. Ainsi, nous pouvons déterminer si une situation a un charactère chaotique
dans le temps ou si elle tend à se stabiliser. Les éléments d'ordre graphique consistent dans le cas de NetLogo d'un système de coordonnées assimilé à un grille
que nous appelons "espace", ainsi que des graphes qui explicitent les données.
Un modèle basé-agents est caractérisé par sa représentation graphique à deux types d'éléments principaux: les patches,
que nous appelons cellules et les turtles, que nous appelons agents ou individus dans notre modèle.
Dans notre cas, les cellules ont différents états. Les cellules noires sont des éléments pleins hors de l'espace délimité, ce sont des obstacles.
Les cellules jaunes ou vertes sont les portes d'entrée et de sortie des agents. Les cellules dont la couleur est un gradient du violet ou du bleu ciel
sont les marques imaginaires laissées par le passage des agents.
De même, il y a deux sortes d'agents: ceux rouges qui se déplacent de gauche à droite, de l'entrée verte à la sortie jaune;
les agents bleus prennent le chemin en sens inverse.
Voici les principales étapes d'élaboration de notre modèle:
Mise en place d'un modèle simple composé d'un couloir avec 2 entrées (et respectivement sorties) ainsi que la possibilité de placer des obstacles aléatoires.
Ajout d'agents représentants des humains qui vont parcourir le couloir d'un côté à l'autre. Ces agents meurent lorsqu'ils arrivent à la sortie.
Implémentation d'un mécanisme de détection des obstacles et des autres agents arrivant en face afin de faire une esquive.
Ajout d'un système d'orientation en direction de la sortie.
Système de mémoire du sol par-rapport au nombre d'agents passant par une cellule donnée.
Méthode de calcul du temps de parcours pour traverser l'espace et mesure de la concentration des cellules colorées.
En l'état, de nombreux paramètres initiaux permettent le fonctionnement du modèle.
Certains concernent l'espace en question, ses dimensions, les obstacles qui l'occupent (dont une fonction pour dessiner ou enlever des obstacles).
D'autres caractérisent les flux de personnes qui traversent l'espace: le nombre d'individus entrant, la capacité des agents à s'orienter
vers la sortie et leur tolérance à des manoeuvres d'évitement des autres individus ou des obstacles.
En sortie, les données obtenues sont de diverses natures. Il s'agit du nombre instantané d'agents présents, des cellules colorées, du temps de parcours et de la répartition des cellules colorées sur l'ensemble de l'espace (quantifiée par une valeur de concentration).
Le modèle actuel est constitué d'une routine de fonctionnement qui peut être synthétisée comme tel:
Notons que des systèmes d'extraction de données (ici représentés par les parallèlogrammes calculate) permettent
le relevé instantané des valeurs telles que le nombre d'agents présents dans l'espace, le temps de parcours moyen pour traverser cet espace et la répartition
des cellules colorées dans l'espace.
En ce qui concerne cette dernière donnée, elle retourne une valeur proche de 4 si la distribution des deux couleurs est caractérisée par une faible séparation et
concentration,
(une cellule aura 4 voisins de la même couleur qu'elle, 4 d'une autre), au contraire elle retourne 8 si les deux couleurs sont clairement distinctes et concentrée
vers des pôles(une cellule aura 8 voisins de la même couleur qu'elle).
Ceci peut être illustré comme suivant:
Afin de comprendre davantage l'ensemble des paramètres insérés dans le modèle et l'interaction de l'un à l'autre, voici une description sommaire du parcours
d'un agent dans l'espace:
Pour mieux comprendre les éléments dont nous avons parlé auparavant, une petite illustration s'impose:
Aussi, voici une légende des principaux symboles utilisés pour le modèle:
Nous avons procédé à deux méthodes d'obtention de résultats :
Obtenus par des captures du modèle, nous pouvons déjà commenter les résultats et en déduire quelques points importants.
Voici une synthèse des différents résultats graphiques que l'on peut obtenir:
À noter que pour cette partie-ci, nous n'avons volontairement pas ajoutés d'obstacles dans l'espace.
Que peut-on en déduire ?
On remarque d'abord qu'il y a deux familles de répartitions des flux:
Les données avec lesquelles nous avons fait varier le jeu de paramètres sont: la valeur de répartition et le temps de parcours. Les paramètres d'entrée sont la largeur du couloir et le comportement des agents (orientation vers la sortie et tendance à esquiver par la droite). Le nombre d'agents dans chaque flux respectif est définit comme constant.
Les courbes ici représentées sont lissées afin d'illustrer les tendances et non l'ensemble des résultats obtenus par les nombreuses simulations. Ce sont donc des moyennes indicatives et non des résultats absolus (pour ces derniers, se référer aux tables Excel).
Que peut-on en déduire ?
Il semblerait donc que la tendance à tourner à droite ait davantage d'influence sur l'efficacité du déplacement en permettant des flux en bandes que la largeur de l'espace qui laisse plus de placee mais qui permet à plusieurs bandes de même couleur de se former parallèlement.
Une autre représentation des résultats obtenus présentant ici l'action cumulée de la tendance à tourner à droite et de l'orientation vers la sortie où nous pouvons repérer le maximum et le minimum.
Contrairement à ce à quoi nous nous attendions, la combinaison des deux paramètres à leur maximum n'aboutit par à une valeur de répartition des flux maximale. C'est donc une valeur pondérée qui permet une valeur de répartition la plus élevée.
Les résultats obtenus dans la partie précédente confirment en partie nos hypothèses initiales selon lesquelles les déplacement dans un espace par deux flux de sens opposés sont plus efficaces si des règles agissant sur le comportement des individus sont mis en place
Mais c'est principalement l'action cumulée de ces règles, à savoir la tendance d'esquive par la droite des agents venant en sens inverse et l'orientation des agents vers la sortie, qui permet d'avoir une répartition des flux optimale et un temps de parcours réduit.
À noter que l'ensemble des paramètres influence grandement les résultats dans une configuration spaciale étroite. Au contraire, plus l'espace est large, moins ces points sont décisifs et leur influence réduite.
Premièrement, nous pouvons revenir sur nos hypothèses de départ:
Deuxièmement, nous pouvons s'interroger sur la pertinence des résultats obtenus. En effet, notre modèle est viable mais peu représentatif de la réalité. Le comportement homogène des agents, parfois biaisé par une approche mathématique et non humaine, le manque de relations et de communication entre eux confirme le status de modèle. Afin de s'approcher davantage des interractions réelles d'une telle situation, il faudrait prendre en compte un nombre conséquent d'autres paramètres. Ceux-ci seraient d'ordre spacial et physique, permettant de caractériser concrètement l'espace considéré, et d'ordre humain, caractérisant les interractions entre agents de manière individualisées et non générique.
Ainsi, nos objectifs sont-il remplis ?
Nous pouvons affirmer que nous avons déterminer l'aspect des flux de déplacement selon des configurations spaciales et de comportement des individus données, comme souhaité, dans les limites du modèle actuel.
Nous avons aussi pu observer l'importance des règles régissant le comportement des agents dans des espaces étroit afin d'optimiser le déplacement, comme la toute relative importance de celles-ci dans un espace plus vaste.
Comme mentionné ci-dessus, le modèle en l'état fait fi de nombreux paramètres qui régissent les interractions entre individus dans une situation réelle. Il faudrait par conséquent améliorer les procédures de déplacement en tenant compte de l'ensemble de ces paramètres supplémentaires.
On peut envisager des paramètres variables selon les agents, tels que la vitesse de déplacement, le groupement d'individus ou encore des files pour les agents allant dans la même direction, mécanisme nommé "flocking".
L'espace pourrait aussi être davantage charactérisé, comme l'intersection de deux couloirs. Les obstacles pourraient aussi prendre davantage d'importance et influencer plus fortement les déplacements.
Il serait alors intéressant de comparer les conclusions obtenues dans le cas du modèle actuel avec celles du modèle plus repésentatif de la réalité. Nous pourrions ainsi savoir si les paramètres choisis pour le modèle actuel sont les plus déterminants.
Un second prologement pertinent consiste à comparer notre modèle et les résulats obtenus avec des recherches parallèles qui portent sur des sujets semblables. Que ce soit d'autres modèles basés-agents ou des études de cas réels, la comparaison des résulats et de la pertinence de la modélisation entreprise seraient crutiales.
Une piste intéressante est menée au Laboratoire de transport et moblitié de l'EPFL grâce aux recherches et travaux de Antonin Danalet et Flurin Hanseler.
Voici un document traitant précisément des flux de piétons dans une gare: Analysis and modeling of pedestrian flows in railway stations.
Malgré un aboutissement relatif de notre modèle et de notre étude, notamment par l'ampleur du sujet abordé et la nécessiter d'aprofondir nos connaissances dans les modèles basés-agents ainsi que leur transcription via NetLogo, nous sommes heureux d'avoir apris un tel outil qui nous influencera certainement dans nos prochains projets.
Aussi, l'utilisation de l'approche "bottom-up" nous a donnée l'occasion de découvrir une façon de penser inhabituelle. Bien que peu évidente, cette approche mérite davantage d'intérêt et nous semble tout à fait valable pour l'analyse d'une situation telle que celle étudiée ici. De plus, nous sommes persuadés qu'une approche de ce type combinée à une approche classique permettrait de saisir l'ensemble des enjeux d'un problème.
Concernant la semaine ENAC, nous avons été ravis de travailler en groupe d'étudiants de sections diverses. Malgré nos idées parfois divergentes, ce fut une bonne expérience et nous a donné un aperçu de la vie professionnelle future où des personnes spécialisés dans différents domaines s'entraident pour atteindre le même but.
Nous voulons remercier Thomas Favre-Bulle, André Ourednik et les assistants pour nous avoir encadré et aidé avec patience tout au long de notre projet.
Pour finir, nous sommes ravis de cette semaine très intense et sommes contents de pouvoir détacher nos yeux des ordinateurs!